Samu, Police, Gendarmerie, Sapeurs pompiers

J. R. Fonctionnaire de Police, Chef d’un Centre d’Information et de Commandement

Aujourd’hui, le 114 est perçu par nos services d’urgences comme « un petit frère » car il est le dernier né des numéros d’urgence. Mais à l’instar des 15, 17, 18, le 114 a entièrement sa place parmi les numéros d’appel d’urgence. Le 114, c’est un gain de temps précieux qui nous permettra peut-être de sauver des vies.

En effet, avec leur métier, leur formation, leur connaissance de la culture sourde, les agents du 114 nous apportent de vraies réponses qui évitent les problèmes de mauvaise interprétation. Le 114 est un « traducteur » et un intermédiaire entre nos services de police et la personne en situation d’urgence. La grande difficulté réside dans la capacité des agents du 114 à apprivoiser les cultures des sourds et des malentendants mais aussi les cultures des différents services d’urgence : Police, Gendarmerie, Samu, Sapeurs-Pompiers. Nous ne parlons pas tous le même langage. Ce qui implique une véritable formation, un métier à part entière.

Dans le traitement de l’urgence et de sa hiérarchisation nous adoptons exactement la même procédure que sur un appel issu du 17. Si l’appel concerne un cambriolage, il passera forcément après un appel pour blessure quel que soit la nature de l’appelant (via le 114 ou via le
17) mais quoi qu’il arrive, l’appel sera traité.
Nous prévenons ensuite les agents de Police envoyés sur site que l’appel a été passé par une personne avec des difficultés à entendre ou à parler .

Dans l’avenir, l’arrivée de la visioconférence sera un plus, elle facilitera la communication par expression visuelle.


 D.P. Médecin urgentiste

Pratiquant la LSF, je suis plutôt familiarisé avec la culture sourde et la plupart de mes amis sourds connaissent le 114.
J’ai pu découvrir ce service en rencontrant le Dr Benoît Mongourdin, praticien hospitalier et responsable du 114. C’était au tout début de sa mise en place. Il m’en a expliqué le fonctionnement et j’ai même eu droit à une démonstration !
Le service est vraiment étudié pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques et dysphasiques. C’est vrai qu’avant, elles ne pouvaient contacter les services d’urgence que par l’intermédiaire d’un entendant ou d’un fax, ce qui n’était pas très pratique. Non seulement l’objet est désuet – rares sont les foyers à posséder un fax – mais en plus ce n’est pas mobile. Alors qu’un téléphone portable, ça a tout de suite parlé à la communauté sourde qui se sert beaucoup de cet outil. On l’a toujours sur nous et cet objet est bien plus pratique lorsque l’on se déplace.

Ce qui est primordial, c’est la rigueur dans l’organisation et la transmission du message. C’est vrai que différents interlocuteurs prennent en charge le message. D’abord l’agent du 114, puis, dans le cas d’une urgence médicale, un permanencier du centre 15, et enfin le médecin régulateur. Ce cheminement est finalement le même que dans le cadre du numéro d’urgence 112, et je pense qu’avec un bon travail d’équipe, cela fonctionne très bien !